Un chien aime-t’il nécessairement les caresses ?

Souvent, lorsque nous voyons un chien, notre première envie est d’aller vers lui, de lui tendre la main et de le caresser. Que ce soit les enfants, les adultes, les personnes âgées, rares sont les personnes qui résistent à l’appel de la fourrure du « petit chien trop mignon ». Certains répondent avec entrain, mettent les deux pattes avant sur la personne en face, et leur font une fête magistrale. D’autres, un peu plus en retrait, acceptent sans trop rechigner qu’une main étrangère vienne leur toucher la tête, le dos, le ventre. D’autres encore, reculent à l’approche de la main, détournent le regard, tirent sur la laisse que leur maître tient fermement. 

C’est un peu difficile à croire, mais tous les chiens n’aimeraient pas les caresses. Alors comment savoir, comment les saluer ? Et surtout : pourquoi vouloir les caresser ? 

Pourquoi vouloir les caresser ? 

C’est assez instinctif pour nous, humains, de vouloir poser nos mains sur tous les animaux qui croisent notre route. Un geste que nous faisons assez naturellement, persuadés que l’animal en face est à l’aise avec ce contact physique. Difficile de donner une raison précise à ce mécanisme, mais il peut avoir plusieurs causes : 

• Pour l’être humain, le contact physique est indispensable à notre bon développement physique, immunitaire et cérébral. Il est naturel de croire que le « langage » du toucher soit ainsi universel et concernerait par voie de fait les animaux qui nous entourent.
• Nous avons domestiqué l’animal depuis des milliers d’année et imaginons qu’il « nous doit bien ça ».
• Nous aimons le contact avec leurs poils, leurs plumes, leurs écailles, nous trouvons la sensation agréable.

Comme le chien est fortement présent dans les foyers du monde (8 millions de chiens rien qu’en France selon la Facco), c’est lui qui croule le plus souvent sous nos caresses incessantes. Considéré comme le meilleur ami de l’homme, il nous accompagne partout et tout le temps, comme un vrai compagnon de route. Certains, avec leurs longs poils et leurs oreilles pointues, ou avec de beaux yeux bleus, peuvent faire craquer tous les passants dans la rue, qui ne peuvent résister à l’envie d’offrir au chien une petite caresse.

Souvent (mais pas assez, encore…), le passant demande au propriétaire s’il peut saluer son chien. C’est alors à lui que revient le choix d’accepter ou non, que son chien se fasse toucher. En réalité, la question serait plutôt à poser au chien. Un maître mal renseigné peut penser que son chien aime le contact, en ignorant que ce dernier subit juste poliment le toucher, en attendant que ça passe. Mais alors, comment leur demander ? 

Comment savoir si le chien est d’accord ? 

Un peu comme nous, humains, il y a des individus plus sociables que d’autres, plus tactiles que d’autres, plus à l’aise avec les inconnus, plus ou moins timides. Comme pour nous, être chien ne veut pas dire « aimer être tripoté ». Comme nous n’allons pas gargouiller le menton à tous les gens que nous croisons dans la rue (encore moins sans leur permission), nous ne pouvons pas nous permettre d’imposer un contact au chien sans lui demander la permission – entendre : s’assurer de son comportement positif au touché.

Une façon assez simple consiste à se mettre à hauteur du chien, à une distance d’un mètre par exemple (la pression corporelle que nous exerçons en restant debout peut en intimider plus d’un). Tendez doucement la main dans sa direction, et observez sa réaction : est ce qu’il cherche le contact de votre main, ou au contraire la fuit-il ? Si le chien, plus modéré, montre de la curiosité, vous pouvez lui proposer une petite caresse, et voir s’il en redemande, ou s’il semble en avoir eu assez. 

Les signaux d’apaisement sont également un moyen de savoir si le chien est à l’aise face à une situation. Sujet d’article à part entière, je ne peux que vous recommander le livre «Les signaux d’apaisement : les bases de la communication canine » de Turin Rugaas.

Mon enseignante, Daïka

Petite, j’étais du genre à vouloir me jeter sur tous les chiens que je croisais dans la rue, pensant que tous allaient devenir mes meilleurs amis pour la vie. Et puis, j’ai grandi, et j’ai croisé la route de Daïka, une petite malinoise sévèrement battue, récupérée à la SPA. Habitant en ville, j’ai du, pendant de longs mois, la protéger de toutes les mains intrusives qui s’approchaient d’elle, sans que les gens ne m’aient demandé au préalable si cela me posait problème.

J’observais chez elle une réelle détresse face à ces gestes qu’elle vivait comme une agression, ne sachant pas quoi faire pour fuir. Je ne la connaissais pas encore, et ne savais pas comment elle pouvait réagir si la pression était trop forte, insurmontable, et si, coincée par la foule dans le tramway, elle ne pouvait pas reculer pour décliner cette invitation. J’ai du informer et répéter son histoire souvent, arrêter des mains baladeuses, beaucoup, pour qu’elle apprenne progressivement que l’humain pouvait se montrer patient, et attendre qu’elle demande elle-même le contact.

Entre elle et moi, l’histoire était la même, je lui faisais rarement de caresses, elle venait rarement contre moi. Quand est venu le moment, elle me l’a fait comprendre, et elle a compris elle aussi, que suivant l’instant et la personne, le contact pouvait être agréable. Aujourd’hui, il lui arrive souvent d’aller accueillir les gens qui viennent à la maison, avec sa façon bien à elle de frotter sa tête, bouche ouverte, sur les jambes des invités. 

Ce chien aime les caresses et pourtant…

Imaginons que tout les feux soient au vert, pouvons-nous pour autant caresser un chien ? Jugez de la situation et du contexte pourront vous indiquer des éléments de réponses. Dans notre cas, par exemple, lors d’un spectacle, venir caresser notre chien en prestation pourrait avoir des conséquences négatives sur sa formation. En effet, le public l’a remarqué, notre chien aime le contact. Toutefois, il ignore aussi qu’il y a des moments propices pour le toucher mais aussi des personnes qui seront autorisées – ou non – à le faire.

Cette notion devient logique transposée au chien guide d’aveugle. Il ne viendrait pas à notre esprit de caresser le chien, lorsque ce dernier, mène son maître sur un passage piétons.

Pour finir

Merci beaucoup d’avoir lu cet article ! Nous espérons qu’il aura répondu à quelques questions que vous pourriez vous poser.

Le chien est un être merveilleux. Il l’est aussi parce qu’il est libre de ses choix et de ses mouvements, parce qu’il a, comme nous, ses préférences et ses envies. Profitez des instants avec eux sans forcément en vouloir trop, votre relation n’en sera pas moins intense ! Vous serez plus à même de découvrir si votre chien les aimes ou les tolères.

N’oubliez pas de toujours demander au maître et au chien avant de caresser ceux que vous croiserez dans la rue. Et si la réponse est non… touchez-le avec les yeux ! 😉

Et vous, vos chiens, ils aiment, tolèrent ou détestent les caresses ?