5 conseils pour améliorer votre performance le jour J

Après plus de 3000 représentations données en Europe en 25 ans, je vais partager dans cet article les 5 conseils qui me semblent les plus pertinents si vous voulez améliorer avec votre chien, votre performance le jour J !

En préalable, je vous conseille de lire l’article sur les 5 astuces pour bien préparer son chien à une performance.

Nous allons voir ici :

  • Comment minimiser les prises de risques
  • Comment gérer son stress et les répétitions avant la prestation
  • Comment améliorer son aisance corporelle
  • Comment devenir plus « présent » sur scène
  • Comment l’improvisation peut sauver votre performance

 

C’est parti pour nos 5 stratégies à employer pour assurer avec votre chien le jour J !

1. Eviter l’échec, minimiser les prises de risques

Le jour de votre performance, il y a 2 variables que vous ne pourrez jamais complètement prévoir. Afin d’éviter de vous mettre dans une situation trop risquée, il est donc primordial de pouvoir les analyser et ainsi de vous adapter :

  • L’environnement dans lequel vous allez évoluer : Espace, sol, temps, odeurs, bruits, éléments perturbateurs, ….

-> Evaluez ces éléments en définissant le niveau de difficulté auquel votre chien est confronté par rapport à ce qu’il a l’habitude. Y a t’il des éléments nouveaux pour lui ?

  • L’état émotionnel de votre chien : excité, concentré, timide, impressionné, distrait, ….

-> Votre évaluation sera totalement subjective mais c’est vous qui passez le plus de temps avec votre chien et c’est donc vous qui devriez le mieux cerner sa personnalité et son état.

Pour ce faire, il faut bien sûr pouvoir lire les signaux que votre chien envoie. 

Pour débuter ou compléter vos connaissances, je vous conseille « Les Signaux d’apaisement » de Turid Rugaas. Bien que tout le contenu ne soit pas validé par la science à ce jour, et qu’il n’est pas parfait, il a le mérite d’être, à mon sens, l’ouvrage le plus qualitatif et le plus accessible sur le sujet. Nos confrères de Cynotopia vous en proposent une analyse assez juste, si vous voulez creuser, c’est juste ici.

En tout cas, ces notions sont incontournables pour commencer à évaluer correctement l’état de votre animal.

Comparez ensuite son état du moment à ce que vous définiriez comme son état normal. 

Vous pouvez vous aider de cette  représentation des émotions à 2 dimensions (d’après Russell 1980). Ce n’est pas la plus complète mais elle correspond assez bien à notre cas de figure.

 

Maintenant, c’est à vous de faire l’équation pour prendre le moins de risque possible et choisir l’option adéquate en fonction de ces deux éléments : L’ENVIRONNEMENT & L’ETAT EMOTIONNEL de votre votre chien

Évitez, par exemple, si votre chien est un peu impressionné, de prendre une option qu’il exécute bien à la maison mais qu’il ne maitrise pas encore de manière solide ailleurs, car il risque de se tromper et ensuite de douter encore plus, ce qui entrainera une spirale négative.

Autre exemple, si votre chien est distrait et que vous avez un top à lui donner très fin qui lui demande beaucoup de concentration, accentuez votre top pour cette fois afin de l’aider. Une fois qu’il aura pris confiance, vous pourrez diminuer progressivement l’impact de votre top, pour revenir en suite à ce que vous vouliez initialement

Si votre chien débute ses expériences de « performer », c’est d’autant plus important qu’il soit en réussite. En effet, il ne faut pas oublier que la dernière partie de sa formation se fera forcément sur le terrain. Il vaut mieux donc prendre ses premières performances dans le même état d’esprit qu’un apprentissage.

Vous devez avoir à l’esprit que le chien apprend par association, et votre priorité est que l’expérience de votre performance avec lui soit vécue de manière TRÈS POSITIVE. 

Vous pourrez toujours améliorer la technique aisément, mais une fois qu’une émotion est associée à une expérience, il sera plus difficile de la changer.

Faire une performance avec vous doit être le meilleur moment de sa journée, et pour ça il faut éviter à tout prix de le mettre en échec.

2. Gérer votre stress et mettez vous dans le bon état d’esprit

N’épuisez pas votre animal à répéter le jour même d’une performance. Tout d’abord parce que ce n’est plus le moment de peaufiner de la technique, c’est trop tard ! Et d’autre part car vous allez puiser dans son énergie inutilement. N’avez-vous pas envie qu’il donne tout pour sa performance ?

À mes débuts, je commettais régulièrement l’erreur de fatiguer mes chiens le jour de nos prestations. Comme j’avais un numéro avec 5 chiens et que je voulais que tout soit parfait, lorsque j’arrivais sur un spectacle, je faisais systématiquement des répétitions entières. Avec l’expérience j’ai fonctionné différemment et notamment j’ai réduit considérablement le travail du jour J. Au lieu de répéter j’ai mis en place une simple « prise de marque ». Cela consiste à me mettre sur le décor du spectacle et retravailler indépendamment l’envoi des chiens à toutes les marques utilisées dans le spectacle sans pour autant qu’ils fassent les exercices. Du fait que je récompensais chaque déplacement, un peu comme s’ils étaient en apprentissage, les chiens étaient forcément en réussite, prenaient leurs repères dans ce nouvel espace, dans un état d’esprit positif et sans s’épuiser. J’ai remarqué qu’ils avaient, grâce à ça, encore plus de plaisir à faire les exercices pendant le spectacle. La prise de marque évite qu’ils découvrent l’espace avec une trop forte motivation qui peut parfois rendre un peu brouillon leurs actions.

Finalement je me suis aperçu que je faisais très certainement des répétitions incessantes juste avant la performance, plutôt pour me rassurer que pour une réelle utilité pour l’animal. Une façon de gérer mon stress qui peut être contre productif, car en plus de se fatiguer, on rend l’exercice en public moins spontané, moins juste et donc moins beau…. 

Je vous conseille donc de remplacer votre répétition par :

-> Au moins 2 h avant la prestation : prise de marque 

-> Repos pour vous et votre chien dans un endroit calme sans distraction et sans interaction avec vous 

-> 30 minutes avant la prestation, balade pour qu’il puisse faire ses besoins, se détendre, puis échauffement adapté à la nature de la performance.

Avec ça, vous serez au maximum de son potentiel !

3. Améliorer son aisance corporelle 

Dans mon métier, j’ai beaucoup côtoyé des artistes de cirque ou des danseurs. Je pense que vous avez déjà ressenti cette sensation de fluidité en les regardant, à tel point que tout ce qu’ils font à l’air tellement facile !

Comment arrive t-on à ce résultat ?

Ces «bêtes de scène » travaillent avec acharnement tous les détails de leurs chorégraphies. Chaque mouvement est défini dans son moindre détail. 

Outre la beauté du geste en lui-même, l’aisance corporelle permet également de mieux communiquer et d’envoyer des signaux plus clairs que ce soit au public comme à son chien.

OK mais comment on y arrive ?

  • Epurer nos mouvements, y a t’il des mouvements ou micro mouvements qui n’ont aucune utilité et que l’on peut supprimer ?
  • S’assurer qu’un mouvement a un début et une fin, vous devez conscientiser votre mouvement et connaitre la position de votre corps dans l’espace pour le début du mouvement et pour la fin du mouvement
  • Répéter ses enchaînements sans chien jusqu’à ne plus avoir à réfléchir sur vos placements. Cela permet de mémoriser, c’est pourquoi il est important d’exécuter chaque mouvement correctement et avec précision, sans quoi vous apprendrez à votre corps des mouvements erronés.
  • Travailler au ralenti est un bon moyen de vérifier que chaque détail de vos mouvements est bien maitrisé. Même au très ralenti, vous devez garder l’équilibre et maintenir un rythme constant, à tel point que si vous vous filmez et que vous accélérez la vidéo vous devez retrouver votre chorégraphie à la vitesse réelle.

Si vous n’avez pas de regard extérieur, filmez vous ! Cela vous aidera à vous rendre compte de ce qui peut être amélioré.

Lire aussi « Comment le théâtre m’a aidé à progresser avec mon chien »

4. Augmenter votre présence !

S’il y a bien une erreur qu’on fait en débutant dans la performance avec un animal, pour un public c’est bien celle là :

Vouloir mettre en valeur son animal en essayant de s’effacer derrière lui ou sa technique !

Et s’il y a une grande règle de théâtre à connaître au plus vite c’est celle ci :

Plus vous ferez en sorte qu’on ne vous voit pas sur un plateau de théâtre, plus vous attirerez l’attention sur vous !

Cela démontre que si vous voulez mettre en valeur votre animal, il va vous falloir penser autrement et apprendre à vous montrer. Je sais que c’est contre-intuitif mais en  contrôlant votre présence, vous allez pouvoir rediriger et consolider l’attention du public sur votre animal. vous le mettrez ainsi réellement sous les feux de la rampe !

Vous allez me dire, super ! Mais comment je deviens « présent » ?

C’est une très bonne question, mais d’abord c’est quoi la présence ?  Pour certains cela attrait à « être visible », pour d’autres « être crédible », il est question aussi de conscience, d’énergie, de tension difficile à décrire. Le charisme peut être même perçu comme une qualité animale, naturelle, voire même spirituelle. Dans tous les cas, c’est quelque chose de très personnel et très individuel.

Nona Ciobanu (une grande metteuse en scène de Roumanie) explique cette notion par un exercice qu’elle propose parfois aux acteurs :

« Ils doivent marcher sur une distance de deux mètres seulement, mais en imaginant qu’ils traversent non pas deux mètres, mais bien un univers entier. Ils irradient alors d’une toute autre façon, car ils sont «connectés» à quelque chose de plus riche. » 

Je vous propose quelques petits trucs pour commencer à améliorer votre présence :

  • Préparez-vous mentalement, montez sur scène comme sur un ring de boxe, vous allez montrer de quoi votre duo est capable !
  • Ouvrez vous au public, pensez à vous grandir, regarder les personnes qui sont le plus loin
  • Votre corps doit être rempli d’énergie sans pour autant l’éparpiller autour de vous
  • Mettez-vous dans la peau d’un autre personnage, ce n’est plus vous, c’est une personne qui vient d’un monde parallèle
  • Projetez ce que vous faites à la dimension d’un univers, connectez-vous au sens que cela a  pour vous

Bien évidemment nous ne sommes pas sur une action au résultat concret. C’est un état qui demande du temps mais c’est la persévérance, la somme de petits détails qui permet pleinement de l’atteindre.

En bref, vous êtes avec votre chien, on vous voit, alors montrez-vous !

(ref : https://effetsdepresence.uqam.ca/upload/files/articles/notion-de-presence.pdf)

5. Improviser, quoi qu’il arrive, c’était prévu !

Lorsque vous présentez une performance, il ne faut pas oublier que vous êtes le seul à savoir exactement ce que vous et votre chien devez faire. 

Connaître les bases de l’improvisation peut donc vous sauvez la vie le moment venu. D’ailleurs, cela peut transformer une erreur en une formidable opportunité de mise en scène.

Bien sûr, vous allez me dire que ça a ses limites ? En effet, si vous êtes sur un concours d’agility et que vous avez fait une barre, cela n’effacera pas la faute ! Par contre, si vous avez prévu un tracé à la reconnaissance, vous vous apercevez durant votre passage que vous ne pourrez pas le suivre et vous changez votre plan en quasi instantané, et bien vous improvisez aussi !

Et l’improvisation c’est une compétence qui peut se travailler afin d’être de plus en plus à l’aise.

Ci-dessous vous trouverez les 6 axes à développer pour devenir le roi de l’impro !

  • Écoute
  • Disponibilité
  • Générosité
  • Vision périphérique
  • Timing
  • Écriture

Pour en savoir sur plus sur l’improvisation, je vous conseille de lire un article que nous avons consacré à ce sujet juste ici.

Pour conclure

Concentrez-vous sur ces 5 points pour rendre votre travail avec votre chien encore plus spectaculaire. Nous avons vu qu’il faudra pour cela :

  • Bien prendre en compte l’état émotionnel de votre chien et l’environnement pour éviter des prises de risques trop importantes
  • Gérer votre stress pour ne pas épuiser votre animal dans des répétitions juste avant la prestation
  • Bien revoir nos gestes et nos déplacements afin qu’ils soient beaux et précis
  • Avoir à l’esprit qu’il faut vous montrer si vous voulez mettre en valeur votre chien et donc ne pas hésiter à booster sa présence
  • Etre ouvert à l’improvisation pour pouvoir rebondir en cas d’imprévu

Il m’a fallu des années pour comprendre le rôle de chacun de ces points et j’espère qu’ils pourront vous aider à progresser dans votre pratique.

Et vous ? Pensez-vous qu’un des 5 points peut vous aider plus qu’un autre ?

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