“Effet animal de compagnie“ : Les animaux de compagnie sont-ils vraiment bons pour les humains  ?

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Cette semaine, Manu m’a partagé un article anglais très intéressant écrit par le non moins intéressant Hal Herzog. Il nous présente les résultats d’une étude menée par Megan Mueller à propos de l’effet positif qu’auraient nos animaux de compagnies sur notre bien-être et notre santé. Entre ce que nous pensons savoir et ce que la science nous apprend, il y a parfois un écart surprenant – ou pas.

Comme je vous aime bien, je vous propose une traduction de l’article effectuée par mes soins (avec un gros coup de pouce d’une amie – qui se reconnaitra). Bonne lecture à vous !

« L’effet animal de compagnie » : que dit la science au sujet de l’impact des animaux de compagnie sur la santé humaine ? 

Points clés 

  • L’« effet animal de compagnie » est l’idée selon laquelle, avoir un animal de compagnie améliore la santé physique et mentale. 
  • À l’instar d’un nombre croissant d’études, une vaste étude de l’université Tufts a révélé que les propriétaires d’animaux de compagnie n’étaient pas mieux lotis que les non-propriétaires.
  • Les raisons de l’inadéquation entre ce que nous pensons de l’impact positif des animaux de compagnie sur nos vies et les résultats réels de la recherche ne sont pas claires. 

Megan Mueller 

Le Dr Megan Mueller, co-directrice de l’Institut Universitaire Tuft pour l’Interaction Homme-Animal, est une chercheuse de premier plan qui étudie l’impact des animaux de compagnie sur la santé et le bien-être humains. Elle a été attirée par ce domaine d’étude au cours de ses études supérieures lorsqu’elle a adopté un labrador noir nommé Jett. Dans un courriel, elle m’a dit : « Je suis convaincue qu’il enrichit ma vie de bien des façons. Ma relation avec lui a certainement influencé ma décision de poursuivre ce domaine de recherche. »

« Effet animal »

L’industrie des produits pour animaux de compagnie appelle l’impact des animaux de compagnie sur la santé physique et mentale de l’homme « l’effet animal« . Ma fille Katie et sa femme Janna y croient certainement. Moose, leur caniche royal de deux ans, a changé leur vie. Lorsque j’ai demandé à Katie ce qu’elle retirait de sa relation avec Moose, elle m’a répondu : 

« L’amour. Son affection est sans fin. Il apporte de l’excitation et de l’enthousiasme dans notre maison. Il est toujours si excité de me voir, même si je reviens d’être sorti chercher le courrier. Nous l’emmenons partout – au camping, en randonnée, en canoë. Notre désir de lui donner une bonne vie tout comme il nous donne une bonne vie. Et Moose me rend moins seule. Il est mon meilleur ami ».

Janna est infirmière, elle travaille avec des patients atteint du COVID. Elle ajoute que Moose est une vraie motivation après ses temps de travail exténuants à l’hôpital. « Il me donne de l’espoir », me dit-elle. 

Les groupes professionnels du secteur, comme le Human-Animal Bond Research Institute (HABRI), affirment que les dernières recherches scientifiques sur l’effet des animaux de compagnie soutiennent massivement l’idée que le fait d’avoir un animal de compagnie diminue la pression artérielle et le niveau de stress, réduit l’anxiété et la dépression, améliore la santé cardiovasculaire et permet même de vivre plus longtemps. Par exemple, le président de HABRI, Steve Feldman, écrit que la science a démontré que la possession d’un animal de compagnie est « un élément essentiel du bien-être humain, pour la qualité de vie, la santé physique et mentale. »

Il est vrai que certaines études ont montré que les propriétaires d’animaux de compagnie se portent mieux. Cependant, un nombre croissant de rapports de recherches mettent en doute l’affirmation selon laquelle avoir un animal de compagnie est un gage de santé et de bonheur. Prenez, par exemple, une étude récente de Megan Mueller et de son équipe de recherche à l’Université Tufts. 

 

Découvrez notre article sur le Mythe du Chien Alpha

 

Ce que disent vraiment les recherches sur « l’effet animal » : l’étude de l’Université Tufts 

Les enquêteurs se sont intéressés à deux questions : 

  1. Quel type de personnes possède un animal de compagnie ? 
  2. Le fait de vivre avec un animal de compagnie est-il associé à une meilleure santé physique et mentale ? 

La particularité de cette étude est que les résultats sont basés sur un large échantillon représentatif d’adultes américains. Les 1 267 participants se sont prononcés dans le cadre d’une étude interdisciplinaire de l’Université de Tufts sur les aspects de la santé, de la richesse et de l’équité chez les Américains. Les sujets devaient répondre à une série de questions démographiques concernant, par exemple, le sexe, l’éducation, l’état civil et le revenu. Les questions relatives à la santé comprennent des mesures de la santé physique générale, de l’indice de masse corporelle, de l’exercice physique, de l’état d’invalidité physique, des problèmes cognitifs et de la présence de troubles anxieux et de dépression. On a également demandé aux participants s’ils possédaient un animal de compagnie et de quel type.

Des résultats surprenants 

Les conclusions de l’étude sur la démographie de la possession d’animaux de compagnie sont intéressantes. Par exemple, la possession d’un animal n’est pas liée au revenu du ménage, les personnes ayant un diplôme universitaire sont moins susceptibles de posséder un animal que celles ayant un diplôme d’études secondaires, et les personnes ayant des enfants à la maison ont un taux plus élevé de possession d’un chien, mais pas d’un chat.

Cependant, les résultats les plus importants concernaient les effets sur la santé et le bien-être de partager nos vies avec un animal de compagnie. Après ajustement statistique des différences démographiques et socio-économiques, rien n’indique que les propriétaires d’animaux de compagnie soient physiquement ou psychologiquement en meilleure posture que les personnes qui n’ont pas d’animal de compagnie dans leur vie.

  • Ni la possession d’un chien ni celle d’un chat n’étaient associées à l’état de santé général des participants.
  • La possession d’un chien (mais pas d’un chat) est associée à un niveau d’activité physique plus élevé, mais cela ne se traduit pas par des différences dans l’indice de masse corporelle des propriétaires et des non-propriétaires. indice de masse corporelle des propriétaires et des non-propriétaires d’animaux.
  • La mauvaise nouvelle est que les propriétaires de chats étaient deux fois plus susceptibles que les non-propriétaires, de souffrir de problèmes cognitifs liés à l’apprentissage, à la mémoire ou à la concentration.
  • Les femmes propriétaires d’animaux étaient plus susceptibles que les non-propriétaires de souffrir de troubles anxieux. Cependant, les hommes propriétaires d’animaux étaient moins susceptibles que les autres de souffrir d’anxiété.
  • La dépression était deux fois plus fréquente chez les propriétaires d’animaux que chez les non-propriétaires. C’était le cas tant pour les propriétaires de chiens que pour les propriétaires de chats.

Le Dr Mueller et ses collègues ont été surpris de constater qu’avoir un animal de compagnie n’était pas liée à une meilleure santé. Toutefois, leurs résultats ne sont pas une anomalie. 

Au cours des derniers mois, par exemple, cette étude a révélé qu’un chien en peluche était aussi efficace qu’un vrai chien pour réduire l’anxiété chez les adultes en attente d’une chirurgie ambulatoire. Cette étude a rapporté qu’avoir un animal de compagnie n’a pas soulagé la solitude chez les adolescents pendant le COVID. Et cette étude a révélé que l’interaction avec un chien n’avait aucun impact sur l’anxiété ou les performances cognitives dans des situations de laboratoire. 

En outre, seules 5 études sur 30 concernant l’impact des animaux de compagnie sur la dépression ont montré que les propriétaires d’animaux étaient moins déprimés (ici). Et la plupart des études ont révélé que les propriétaires d’animaux de compagnie sont tout aussi solitaires que les non-propriétaires (ici).

 

 

Le paradoxe de l’effet des animaux de compagnie : ce que les propriétaires d’animaux « savent » opposé à ce que dit la science 

Les auteurs d’une récente analyse de la recherche sur l’effet des animaux de compagnie publiée dans la revue Applied Developmental Science ont écrit : « Les médias et le public semblent avoir un appétit inépuisable pour les histoires d’animaux qui aident les gens à surmonter leurs maladies et leurs handicaps. Malheureusement, la satisfaction de cet appétit se traduit souvent par des comptes rendus médiatiques superficiels et inexacts des résultats scientifiques. »

La plupart des propriétaires d’animaux – moi y compris – sont personnellement convaincus que nos animaux améliorent notre vie. Mais ce que nous voulons croire à propos des animaux domestiques ne correspond pas toujours aux résultats de la recherche empirique. C’est ce que j’appelle le « paradoxe de l’effet animal de compagnie« . Il est illustré par une étude menée à l’Université Queens auprès de propriétaires d’animaux souffrant du syndrome de fatigue chronique. Tous les sujets étaient convaincus que leurs animaux de compagnie leur procuraient un large éventail d’avantages médicaux et psychologiques. Pourtant, les mesures objectives de leurs symptômes ont montré qu’ils étaient tout aussi fatigués, stressés et déprimés que les patients atteints du SFC qui n’avaient pas d’animaux.

Pour Megan Mueller de Tuft, le paradoxe de l’effet animal de compagnie est propre à chacun. Elle a décidé d’axer ses recherches sur le lien Humain-Animal, en partie parce qu’elle a ressenti les bienfaits de vivre avec son chien Jett. 

Pourtant, certaines de ses propres études ne soutiennent pas l’idée de « l’effet animal de compagnie ». Elle m’a confié que le décalage entre la perception qu’ont les propriétaires d’animaux des avantages de vivre avec eux et les résultats des recherches récentes sur le sujet est une chose à laquelle elle pense tout le temps. 

Et elle a ajouté : « Et si nous percevions nos animaux de compagnie comme bénéfiques pour nous, mais que nous ne trouvions aucun effet mesurable ? En pratique, cela a-t-il de l’importance, ou non ? »

Hmmm…. 

 

Mot du traducteur

Ce paradoxe à le mérite de soulever des questions pertinentes et de casser les idées reçues. Selon le besoin, le contexte et la situation, il est interessant d’avoir en tête les résultats de cette étude je trouve. Dites-nous en commentaire, vous en pensez quoi vous ?

 

 

References

Mueller, M. K., King, E. K., Callina, K., Dowling-Guyer, S., & McCobb, E. (2021). Demographic and contextual factors as moderators of the relationship between pet ownership and health. Health Psychology and Behavioral Medicine, 9(1), 701-723.

Serpell, J., McCune, S., Gee, N., & Griffin, J. A. (2017). Current challenges to research on animal-assisted interventions. Applied Developmental Science, 21(3), 223-233.

Wells, D. L. (2009). Associations between pet ownership and self-reported health status in people suffering from chronic fatigue syndrome. The Journal of Alternative and Complementary Medicine, 15(4), 407-413.

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