Portrait : Trimble et Strongheart

Cette semaine, je vous propose un article plus léger. Comme vous le savez, nous travaillons dans le milieu du spectacle vivant et du cinéma : une vocation née à la découverte des films ou des spectacles mettant en scène des animaux. Qui n’a pas été touché par leur prouesse et leur “extraordinarité“ étant enfant ? L’idée est de créer une rubrique qui leur serait dédié. Qu’ils soient connus ou méconnus, on partage avec vous leur portrait.

Aujourd’hui je voulais vous parler de Etzel von Oeringen dit “Strongheart“. Il s’agit d’un berger Allemand qui a tourné dans une série de films muets dans les années 20 aux Etats-Unis et qui a connu une vraie célébrité à l’époque. Pour preuve, il est le premier chien à avoir son étoile sur le Walk of Fame d’Hollywood (à ce jour, ils ne sont que quatre à avoir cet honneur).

Les sources à propos de Strongheart étant très maigres, je me suis appuyé sur sa page Wikipédia, sur un petit reportage américain de la chaîne YouTube Film Histories et un excellent article du site Silent Room. Ici je relaie humblement les informations que j’ai pu y glaner.

Si vous maitrisez l’anglais, je ne peux que vous recommander d’aller y faire un tour !

Trimble Laurence

Le propriétaire de Strongheart se nommait Laurence Trimble. Vous verrez qu’il est important que vous connaissiez aussi le bonhomme. Laurence était réalisateur, producteur, acteur et écrivain. Il a fait irruption dans le milieu du cinéma en 1910. 

De ce que j’ai compris, Trimble commence comme écrivain de magazine et en tant que tel, il visite le Vitagraph Studio à New York en 1909 pour écrire sur la façon dont les films sont réalisés. Il découvre vers les garages du studio, une jeune chienne affamée. Il mettra deux heures à la sortir de sa cachette. Tous les deux deviennent inséparables, l’histoire de Jean et Trimble peut commencer !

Ha oui, parce qu’effectivement, avant Strongheart, Trimble a eu un premier chien de compagnie. C’était une femelle Colley Écossais, du nom de Jean (prononcé “Jin“).

Un peu plus tard, Trimble, par son travail, prend connaissance d’un scénario ayant été mis de côté par les cinéastes du Vitagraph Studio. En effet, ils n’avaient pas pu trouver un chien qui correspondait à leur histoire. Trimble convainc alors le directeur du studio qu’il pourrait apporter le chien qui répondrait à leurs besoins. Le chien, vous l’avez compris, c’est le sien, c’est Jean.  

Voilà comment Jean sera le premier chien à avoir un rôle de premier plan au Cinéma.

Entre 1910 et 1915, Jean a joué dans 25 courts métrages. Malheureusement, la plupart auraient disparu. Jean est très populaire près du public. Elle meurt en 1916.

Trimble se tourne rapidement vers la réalisation de films: d’abord pour le studio Vitagraph puis pour Goldwyn et d’autres sociétés. Il déménage en Angleterre puis revient aux États-Unis. En parallèle, Trimble tente à plusieurs reprises de trouver un nouveau chien de compagnie, qui pourrait succéder à Jean. Son effort est vain.

Strongheart

Strongheart en compagnie de Jane Murfin

C’est en 1920, que Trimble et la scénariste Jane Murfin trouvent dans un chenil un Berger Allemand. Il ressent chez lui un haut potentiel et le récupère. Ce chien est évidemment Etzel von Oeringen qu’ils appelleront Strongheart.

Strongheart a eu une vie assez incroyable : il est dressé pour être chien de la Croix Rouge pendant la première guerre (côté allemand). Malheureusement, à la sortie de la guerre, son maitre ne parvient plus subvenir à ses besoins. Il l’envoie avec une immense tristesse à une connaissance, le propriétaire d’un chenil basé à New York. C’est là-bas que Trimble le remarque.

Trimble réalise The Silent Call en 1921. The Silent Call est un long métrage qui présentait une intrigue forte. Strongheart est un chien de ranch accusé à tort d’avoir tué des moutons. Il s’échappe dans les montagnes mais revient pour sauver la femme de son ancien maître, qui a été kidnappée par le véritable tueur de moutons. Le point culminant du film oppose l’homme et le chien dans une rivière qui fait rage juste au-dessus d’une cascade. Le film fait sensation au box-office. Le Film Daily a proclamé The Silent Call comme l’un des plus grands triomphes de l’année et a poursuivi en disant que Strongheart « a été un tel succès que les acteurs et actrices de la distribution ont été oubliés ». Ils ont également été ravis de la scène dans laquelle Strongheart dénoue un bébé ligoté dans un traîneau et le transporte à travers le terrain vague gelé jusqu’à son domicile.

Ce succès a été suivi par six films dans lesquels Strongheart tient le rôle principal. Deux d’entre eux auraient survécu. Néanmoins, vous pourrez visionner en intégralité un des deux films restant à ce jour : The Return of Boston Blackie.

Mort de Strongheart, tournant pour Trimble

Bien malheureusement, son histoire se finit tragiquement. En 1929, c’est lors d’un tournage que Strongheart est victime d’un accident. En effet, de ce que j’ai compris, un projecteur brûlant lui serait tombé dessus. Causant sur lui de sévères brulures, il meurt quelques jours plus tard.

Cet épisode est vécu comme un drame pour Trimble. Ajoutez à cela la rupture de son partenariat avec Jane Murfin et le krach boursier de l’époque, Trimble se retire complètement du cinéma et retourne dans le Nord-Est… sur une île qu’il avait achetée. En 1930, il recommence à écrire et commence à dresser des chiens sur l’île McDonald dans le fleuve Saint-Laurent. Mais plutôt que de dresser des chiens pour la célébrité du cinéma, il a commencé une longue carrière de dresseur de chiens pour aveugles. 

Trimble est décédé en 1954 à l’âge de 68 ans. Il a reçu une étoile sur le Hollywood Walk of Fame le 8 février 1960. Strongheart a été intronisé à la même cérémonie.

Pour finir

Bien que peu d’informations finalement existent à son sujet, je tenais toutefois à relayer auprès de vous son histoire. À la découverte d’extraits de ces films, j’ai eu la sensation de voir sous mes yeux plus qu’un chien. Strongheart représentait une forme d’intemporalité. Sans vêtement ni mode, ni effet de style dans son jeu (évidemment c’est un chien), seule l’image vieillotte trahissait l’époque à laquelle les images étaient tournées. Je voyais sous mes yeux, un chien exister face caméra exactement comme d’autres le feraient aujourd’hui. Cette magie qui semble sans âge et qui faisait briller nos yeux d’enfants devant Air Bud, Belle et Sébastien, Beethoven… 

Si l’envie vous prenait de vous préparer, vous et votre chien à ce travail, je ne peux que vous conseiller d’aller jeter un oeil à l’article 5 astuces pour préparer son chien à une performance 😉

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